La Villa Cohendier et son histoire

Situé aux Tattes sur la rive gauche du Borne, Cohendier est un vaste domaine constitué à l’origine d’un parc et d’une maison forte édifiée entre le XIIe et le XIIIe siècle. La propriété est bordée par le Borne et traversée par un bief qui alimente un moulin et une ancienne scierie. Dans les années 1950, une villa sera construite à côté de l’étang présent dans le parc.

La maison forte des Tâttes prend le nom de la famille Cohendier (notaires de profession) lorsque celle-ci en devient propriétaire au XIVe siècle. Ils ajouteront à la bâtisse initiale, de forme carrée, les tours rondes et la tour hexagonale. Au XVIe siècle la famille Cohendier s’éteint mais laisse son nom à la maison forte. Au gré des héritages et des mariages, le château passe de famille en famille jusqu’à l’après-guerre. La bâtisse appelée aujourd’hui château est entourée d’un vaste parc planté d’arbres séculaires et d’un étang.

En 1948, Joseph Métral, minotier, dont le moulin jouxte le château, achète le domaine Cohendier. En 1954, il fait construire une villa à l’ouest du parc. Cette dernière est un parfait exemple de l'architecture des édifices du mouvement régionaliste d’après-guerre. L’architecture de la villa cherche à tisser des liens de filiation avec le château Cohendier, mais elle n’en n’est pas une réplique. Elle puise ses références esthétiques dans l’architecture bourgeoise de la fin du 19è mais profite des techniques modernes de construction des années 50 (emploi du béton notamment). La villa se distingue par la grande qualité de son exécution, sa toiture imposante couverte d’ardoises et sa tour. Elle dispose ainsi d’un caractère qualitatif rare qui en fait un élément particulièrement intéressant du patrimoine communal et départemental.

En 2006, les descendants de M. Métral décident de vendre une partie du domaine et de garder le château. La commune de Saint-Pierre-en-Faucigny se porte acquéreuse de ce domaine composé d’un parc de 8 000m² et d’une Villa de 350m².

À travers l’acquisition d’une partie du domaine du château Cohendier à savoir le parc et la Villa éponyme, la commune de Saint-Pierre-en-Faucigny se dote d’un patrimoine exceptionnel affirmant son rôle d’attraction intercommunale, départementale et régionale. Dès son acquisition, le choix de mettre cet espace, dont la richesse patrimoniale et environnementale est indéniable, a disposition du public a été naturel/ une évidence pour les élus.

Le projet d’extension de la Villa s’appuie sur les qualités de l’écosystème existant, végétal et vivant, et le potentiel esthétique du site. Le parc de la Villa Cohendier offre un lieu de respiration coupé de la ville, organisé autour de l’étang, arboré de grands sujets majestueux. Il accueille des usages variés, entre promeneurs, familles profitant des espaces verts et visiteurs de passage lors de manifestations comme le festival Parc'Ô'Sciences. L’architecture de l’extension et la réhabilitation de la Villa se devait de s’adapter au site plus qu’elle ne devait le modifier, laissant ainsi l’ensemble du site disponible pour tous les visiteurs, leur permettant de s’approprier au mieux ce lieu d’échange, d’inspiration et d’expérimentation.

La réhabilitation et l'extension de la Villa Cohendier ont pour but de transformer ce site historique en un centre culturel moderne et dynamique. Le projet allie préservation du patrimoine, innovation muséographique et respect de l'environnement. Il se veut ambitieux d’un point de vue environnemental. La prise en compte de critères environnementaux peu impactant a guidé l’équipe d’architectes vers une conception bioclimatique, à même de relever les enjeux pour demain, autour de 3 axes : pérennité, sobriété, simplicité. La Villa a été réhabilitée tout en gardant ses marqueurs forts : la tour, le granit extérieur, les balcons sud. Elle est agrandie avec une extension de 370 m² entre l’ancienne villa et l’étang. Le granit a été réutilisé dans le parc pour créer les cheminements et tout ceci en privilégiant lors du chantier le réemploi des matériaux, une efficacité énergétique du bâtiment et un système de chauffage plus durable. La création d’une extension permet d’affirmer le caractère poreux des relations entre le bâtiment et le parc. Le hall d’accueil, largement vitré, est placé au centre de l’extension créant dès l’entrée le lien entre le neuf et l’existant. Les espaces d’exposition investissent les étages de la Villa dans sa globalité. Reprenant le principe de distribution originel, les étages s’organisent autour d’un dégagement central, sur lequel s’ouvre l’escalier existant dans la tourelle. Au premier étage, une trémie créée dans le plancher permet de faire le lien entre les espaces, laissant pénétrer la lumière au cœur du bâtiment.